Nous vous proposons une correspondance de Monique Widmer ancienne membre du Comité des projets de la Fondation Jean Paul II pour le Sahel qui vit sur l’île de Fogo sur l’ouragan qui a dévasté le Cap Vert. Nous reviendrons plus en détail après. Les évènements du Burkina Faso ont retardé la publication de cette correspondance que nous avons reçu plus tôt. Nous nous en excusons.
CAP-VERT: l’ouragan Fred et les fortes pluies
En juin, la météo semblait plutôt prévoir une saison des pluies avec de faibles précipitations. D’où l’anxiété, après une année 2014-2015 de sécheresse : faible production agricole, manque de fourrage pour les animaux, carence d’eau etc.
Tardivement, fin aout, les pluies se sont mises à tomber. Puis l’annonce d’un ouragan – Fred de son nom. Si les ouragans qui se dirigent vers les Antilles prennent naissance dans la mer au sud des iles, c’est très rare que cela soit sur l’archipel. Avec les moyens technologiques modernes, on l’a su à l’avance. Et en plus, l’Institut de météorologie du Cap-Vert a demandé de l’aide à l’Observatoire des ouragans situé à Miami aux États Unis d’Amérique.
Ainsi, la population a été très bien informée, presque heure par heure (radio, TV et transmission orale) : rester à la maison, garder les animaux en sécurité, débarrasser les alentours des maisons de tout matériau qui pourrait être emporté par le vent (on annonçait des vents de 80-90 km/heure et des vagues jusqu’à 7 m.), déplacement en lieux sûrs des familles qui vivent dans des habitations précaires, aucune activité maritime ou aérienne, ni pêche, ni cabotage inter-iles, ni aviation, et les touristes dans les hôtels,… car on savait que les iles de Sal e Boa Vista, iles planes et touristiques, allaient être les plus atteintes. Les vagues ont détruit le ponton emblématique de l’ile de Sal, ont envahi les plages et se sont arrêtées au seuil des hôtels et habitations. En outre, les iles du nord de São Nicolau et Santo Antão ont été les plus endommagées par le fort vent: toits emportés, arbres déracinés, des cultures abîmées, éboulements et routes coupées, chute des antennes-émetteurs des télécommunications. Mais aucune perte humaine.
Les iles du sud, comme celles de Santiago et Fogo ont reçu des trombes d’eau, non seulement le jour de l’ouragan mais encore une semaine plus tard, car c’est la saison des dépressions tropicales. Ici aussi, des éboulements, des routes coupées, des cultures endommagées. Dans beaucoup d’endroits, ce sont les habitants qui ont déblayé les routes ou aidé les familles dans le besoin. Quant aux plus gros dégâts, les services de protection civile et de la voirie s’en occupent.
Au milieu de ces malheurs et dégâts, le bénéfice apporté par la pluie – l’EAU – est bien supérieur. Les terres desséchées avides d’eau reverdissent.
Les arbres brillent au soleil. Le maïs et les haricots poussent. Pâturage et fourrage pour les animaux en abondance. La nappe phréatique est renouvelée. Les barrages récemment construits, surtout dans l’ile de Santiago, se remplissent.
Les citernes familiales, dans l’ile de Fogo, toutes pleines d’eau en réserve.
Et même le périmètre forestier, en zone montagneuse de l’ile de Fogo, abimé à 70% par un incendie, semble reprendre vie. Mais, on ne pourra se prononcer sur une bonne production agricole qu’en novembre (à cause des vents chauds et secs et des maladies parasitaires des cultures). Toutefois, les 9 iles habitées de l’archipel n’ont pas reçu des pluies égales. On en attend encore !
On peut lire sur le visage des hommes, des femmes et des enfants le rayonnement de L’ESPERANCE.
